vendredi 22 avril 2011

Ouvrir les yeux et fermer la bouche : le cadeau à faire à la Terre pour sa fête!



En ce jour de la terre, je m’impose une réflexion sur notre alimentation en lien avec la planète bleue. Nous courons, nous travaillons, nous consommons et puis nous mangeons. Le lien de notre vie avec la nature n’est souvent présent qu’en vacances ou, pour une minorité, dans le jardinage ou des balades au parc. Le seul véritable lien que nous avons tous encore avec dame nature demeure notre assiette. Malgré tous les progrès de la chimie et de la technologie, nous mangeons encore les produits de la terre et c’est bien ainsi. Le seul hic c’est qu’on n’en prend pas assez conscience et on achète des paquets à l’épicerie parce qu’ils sont beaux, bien verts, tous bien formés ou les moins chers… Pourtant dans mon jardin l’été il n’y a jamais deux tomates ou deux concombres de pareils?

La mode est au local avec les grands chefs qui mettent en vedette les produits du terroir et c’est très bien, ça permet de faire connaître nos produits fins et nos artisans. Mais au-delà des petits pots de confits, des écrins d’épices, des appellations contrôlées et des fromages de crus, il y a la vraie bouffe, celle qu’on mange tous les jours et qui ne doit pas trop amincir notre portefeuille, c’est cette bouffe-là qui, à mon avis, devrait plus que tout être locale ou responsable.

Si sur la salade il y avait une étiquette avec le jour de sa cueillette et le nombre de km qu’elle a parcouru est-ce que sa couleur verte, son prix alléchant et son bel emballage nous feraient autant envie? Pour une laitue romaine de la Californie, on verrait une date de cueillette qui remonte à plus de 12 jours, parfois jusqu’à 20, et plus de 5 000 km de route. Oui, les produits d’ici sont plus chers, mais pourquoi? Parce qu’on n’en produit pas assez, faute de demande et de main d’œuvre. Si tout le monde achetait un peu plus de produits d’ici, nous pourrions changer la situation, surtout pour les produits pour lesquels notre climat est adapté et pour lesquels nous avons un savoir-faire par exemple les carottes. Nous n’avons aucune raison d’acheter des carottes d’ailleurs quand nous en avons d’ici de très bonnes, et ce toute l’année.

Si demain matin les États-Unis, le Mexique ou le Pérou arrêtaient de nous fournir en fruits et légumes nous n’aurions plus beaucoup de produits frais à l’épicerie et pas assez de fermiers pour prendre la relève. Est-ce un choix judicieux? C’est ça la souveraineté alimentaire, c’est préserver les savoirs faire, les espaces de culture et encourager les petites productions régionales. Cela permet d’être plus proche de l’autosuffisance alimentaire, de maintenir des fermes et de réduire les traces de carbones sans compter que plus les aliments sont frais, plus ils contiennent des nutriments. Les produits d’ailleurs c’est bien et c’est une chance que nous avons d’y avoir accès, mais ça ne devrait peut-être pas être la plus grande part dans notre panier.

La saison végétative débute, mes semis verdissent, se gorgent de vie et m’inspirent une action à la fois symbole d’éco responsabilité, de soucis de ma santé et de souveraineté alimentaire. J’ai donc décidé de me relancer un défi important pour 2011. Ayant travaillé plusieurs années dans le monde la publicité et du marketing, je me suis laissé inspirer par la distribution statistique, plus particulièrement la loi de Pareto qui détermine pour plusieurs situations et distributions une proportion de 20 % versus 80 %. Je me donne donc comme mission de me nourrir de produits du Québec et de l’Ontario (j’habite près de la frontière entre les deux) à 80 %, et ce toute l’année. Je vais aussi utiliser la même proportion pour les produits préparés ou transformés, je n’en consommerai pas plus de 20 % versus 80 % de produits frais non transformés. J’inclus dans les produits transformés les aliments comme les jus, la sauce soya, plats préparés, ketchup, les sauces du commerce, crèmes glacées, pain…

Quand viendra l’été, comme j’ai la chance d’avoir un très grand potager, je vais même tenter de me nourrir de légumes et de fruits que je cultive moi-même à 80 %. Bon, j’y vais fort un peu j’avoue, mais c’est pour une bonne cause ;-)

Pour la journée de la Terre, faites-lui donc le cadeau de croquer quelque chose d’ici!

Bonne fête ma belle planète bleue… et verte!

vendredi 15 avril 2011

Navet et rutabaga, pourquoi pas!


Deux grosses boules qu’on ne met pas souvent dans notre panier. On dirait que ça nous intimide, on ne sait pas trop quoi faire avec, à part le mettre dans le bouilli ou le mélanger aux purées de pommes de terre. Beaucoup n’apprécient pas tellement leur goût légèrement amer et les ont simplement abandonnés.

Premièrement, démêlons-nous, le navet et le rutabaga ne sont pas la même chose malgré qu’ils se ressemblent beaucoup et font tous les deux partie de la famille des crucifères (des choux). Ce que nous appelons le navet au Québec est souvent du rutabaga. Règle générale, le navet est plus petit et a une chair blanche alors que le rutabaga a une chair plus jaune. Le goût du rutabaga est un peu plus prononcé que celui du navet alors si vous n’êtes pas certain d’aimer, essayer d’abord le navet, surtout pour les recettes dans lesquelles on le cuit, son goût sera plus délicat.

On pense à tort que le rutabaga ne se mange que cuit et c’est bien dommage parce que c’est une addition fort intéressante à nos plats de crudités et de trempette. Cru, son goût est assez sucré et très croquant rappelant un peu la carotte.

Un grand avantage du navet et du rutabaga c’est qu’on en cultive chez nous depuis les années 1500 alors c’est une culture qu’on maitrise bien et qui s’adapte bien à notre climat. On en retrouve donc dans les marchés et les épiceries toute l’année et à modeste coût en plus, deux bonnes raisons de lui donner une chance.

Au niveau nutritionnel, ce sont des champions, ils contiennent entre autres des antioxydants bons pour votre santé cardiovasculaire et du phosphore et du magnésium bons pour vos os et vos dents. Les feuilles des navets et rutabagas sont aussi comestibles et très nutritives bien qu’elles soient plus difficiles à trouver.

Qu’est-ce qu’on en fait?
  • On le pèle, on le coupe en quartiers, on l’assaisonne d’huile, de sel, de poivre et de thym et on le cuit au four à 375F jusqu’à ce qu’il soit tendre et doré
  • On le cuit dans le beurre et le miel avec un peu d’eau pour en faire une version glacée au miel
  • On le râpe et on l’ajoute à nos salades
  • On le fait mariner comme les betteraves
  • On l’ajoute à nos potages et nos ragoûts
  • On le fait cuire avec des carottes dans un peu de bouillon de poulet avec du harissa pour accompagner nos couscous
  • On le met partout ou on mettrait des carottes

Pour vous inspirer, je vous ai sélectionné 2 recettes qui peuvent être servies en accompagnement ou comme lunch :

Poêlée crémeuse de rutabaga et de pommes de terre au bacon
  • 4 tranches de bacon coupées en petits morceaux
  • 1 petit oignon coupé en petits dés
  • 1 gros rutabaga pelé et coupé en cubes
  • 3 grosses pommes de terre pelées et coupées en cubes
  • 1 ½  t. de lait
  • sel et poivre
  • une pincée de muscade râpée
  • 1 c. à thé de thym séché
  • 4 c. à soupe de fromage râpé (parmesan, oka, emmental, cheddar…)
  • Un peu de persil frais
Préparation :
Faites revenir le bacon dans une poêle à feu moyen fort, quand il commence à caraméliser, ajoutez les oignons et laissez cuire 2 minutes. Déglacez avec le lait puis ajoutez les pommes de terre et rutabagas. Salez, poivrez, ajoutez le thym et la muscade et laissez mijoter à découvert en remuant régulièrement. Si le mélange semble trop sec,  ajoutez du lait. Quand les rutabagas et les pommes de terre sont tendres, ajoutez le fromage et c’est prêt! Onctueux, réconfortant et savoureux!


Salade de navets et carottes à l’érable
  • 1 navet pelé et râpé ou coupé en juliennes
  • 4 carottes brossées et râpées ou coupées en juliennes
  • 1 c. à soupe de vinaigre de cidre
  • 2c. à table de jus de citron ou de lime
  •  ¼ tasse d'huile
  • 2 c. à thé de sirop d'érable
  • 2 c. à thé de moutarde en grain à l'ancienne
  • Sel, poivre
  • Persil et ciboulette haché
Dans un bol, mélangez tous les ingrédients de la vinaigrette puis versez-la sur les carottes et le navet et mélangez bien. Ajoutez les herbes au moment de servir. C’est une salade toute fraîche, croquante et légère qui accompagnera très bien vos grillades de viande ou de poisson.

La prochaine fois que vous ferez vos courses, embarquez-le donc dans votre panier et essayez-le!

Bonne semaine gourmande!

vendredi 8 avril 2011

Ailleurs et ici, les deux à la fois!


Vous l’aurez deviné, je ne suis pas très attirée par la cuisine puriste qui suit une tradition presque sacrée impliquant telle marque de produit ou un ingrédient provenant d’un village particulier, une préparation brassée seulement d’un côté et avec la même cuillère depuis 5 générations… Je n’ai rien contre comme tel c’est seulement que pour moi quand vient le temps de cuisiner je pense que moins on se complique la vie, mieux c’est. C’est là qu’on prend plaisir à cuisiner et à découvrir des saveurs. Il ne faut pas avoir besoin de courir dans une épicerie fine pour trouver une épice exotique venue d’un autre continent, il faut pouvoir improviser avec ce qu’on a dans le garde-manger. Je suis donc plus du genre à m’inspirer de quelque chose sans vouloir le reproduire exactement.

Mon voyage en Afrique m’a rappelé une chose importante, ce ne sont pas les ingrédients eux-mêmes qui font une cuisine, c’est leur agencement.  Par exemple, une tomate ce n’est pas italien, mais avec du basilic, de l’ail et de l’origan ça le devient. La même tomate avec de la coriandre, du piment fort, de l’oignon, et de la lime devient plutôt mexicaine. Ainsi, je me suis dit que je pouvais recréer et adapter les saveurs d’ailleurs sans avoir à courir les épiceries spécialisées, simplement en utilisant des produits d’ici. Comment? En jouant avec les saveurs puis les textures et enfin l’équilibre subtil entre le salé, le sucré, l’acide et le piquant. C’est cet amalgame qui nous rappellera ou non un met d’ailleurs…

Les saveurs et sensations dont ma bouche se souvient le plus du Burkina ce sont celles des arachides grillées qui font saliver, du citron très parfumé à mi-chemin de la lime, de la chaire de poulet dense et savoureuse,  du piment piquant et légèrement acidulé et du croquant des légumes frais. J’ai donc décidé de mêler ces souvenirs et de faire un poulet aux arachides et sa salade d’inspiration ouest-africaine.

Poulet africo-québécois
  • 2 poitrines de poulet désossées
  • 2 limes
  • 1 citron
  • 1 gousse d’ail hachée finement
  • 6 c. à table d’arachides rôties et broyées (si vous êtes allergiques, remplacez-les par des amandes)
  • 1 pincée de piment de Cayenne (ou autre piment fort en poudre, sinon beaucoup de poivre)
  • Huile pour la cuisson
  • Sel et poivre
  • Salade et crudités de votre choix (j’ai opté pour laitue, tomate, concombre, oignon doux)
Pour la vinaigrette :
  • 2 parts d’huile d’olive
  • 1 part de jus de citron
  • Sel et poivre
  • Une grosse pincée de sumac (Psssst… C’est une épice qu’on pense exotique parce qu’elle est souvent associée à la cuisine libanaise, mais ce n’est pas vraiment le cas, vous en avez peut-être même une version dans votre cour. Le sumac est en réalité une poudre faite du fruit du sumac vinaigrier, un arbre qu’on voit beaucoup le long de nos routes et qui a un peu une allure exotique. Les Amérindiens l’utilisaient dans leur cuisine et dans la préparation de remèdes. Le vinaigrier donne des grappes en cône velues d’un beau rouge à la fin de l’été. On récolte les grappes en août. Fraîchement cueillies, on les trempe dans l’eau et on obtient une limonade instantanément, il faudra ajouter un peu de miel pour l’adoucir, sinon, on sèche les grappes et on les broie pour en faire une poudre rougeâtre qui aura un goût très acidulé.)

Commencez par zester les limes et le citron et en extraire le jus. Mettez de côté 3 c. à soupe du mélange de zeste et de jus et versez le reste dans un sac refermable avec l’ail et les poitrines de poulet. Placez au frigo et laissez mariner au moins 30 minutes. Pendant ce temps, préparez votre salade et votre vinaigrette. J’aime y mettre du sumac, les citrons du Burkina étaient très parfumés et concentrés le sumac ajoute une note particulière d’ici qui donnera un caractère semblable. Cela étant dit, si vous n’avez pas de sumac, mettez un peu plus de citron et ça ira très bien.

Préchauffez le four à 350F. Mélangez ensemble les arachides et le piment et mettez de côté. Salez et poivrez les poitrines de poulet. À feu moyen fort, saisissez les poitrines de poulet dans une poêle avec un peu d’huile jusqu’à ce qu’elles soient bien dorées des deux côtés. Versez le reste du mélange de jus et de zeste sur les poitrines puis déposez-y le mélange d’arachides et de piment en étalant et en tapant un peu. Arrosez d’un filet d’huile et enfournez pour 5 à 7 minutes selon la grosseur des poitrines.

Servez avec une bonne salade croquante et un verre de bissap pour créer un souvenir métissé quelque part entre ici et ailleurs…

Bonne semaine gourmande!

vendredi 1 avril 2011

Doux érable quand recouleras-tu?


Eh oui, le temps des sucres est de retour et c’est toujours une bonne raison pour se sucrer le bec! Difficile de savoir si ce sera une bonne année pour la production, mais je vous assure que la saison sera bonne dans ma cuisine, collante et sucrée!  

Beaucoup de gens achètent leur sirop d’érable au supermarché quand ils font leur épicerie, mais attention souvent les marques maisons vous vendent un assemblage de sirops d’érable qui ne proviennent pas forcément du Québec ou pire encore ils pensent acheter du vrai sirop d’érable, mais il s’agit du sirop de maïs à saveur d’érable, du sirop de poteau comme on dit chez nous. Cette année, pourquoi ne pas en profiter pour aller faire un tour dans une sucrerie dans votre région et en profiter pour faire provision de sirop pour l’année. Vous paierez probablement moins cher qu’à l’épicerie, vous aurez fait un geste vert, vous aurez l’assurance d’avoir du vrai sirop d’érable et vous encouragerez un producteur local.

Quel bel héritage que les Amérindiens nous ont légué! Saviez-vous que le Québec est encore aujourd’hui le plus gros producteur de sirop d’érable au monde? Et on a de quoi être fier de notre élixir parce qu’en plus d’être aromatique et délicieux, il contient une bonne dose de minéraux!

La beauté de l’érable c’est que c’est complètement naturel et il n’y a pas de transformation compliquée ni d’additif c’est donc un bon remplacement pour le sucre dans la plupart de vos recettes. Une petite vinaigrette lime et érable réveille les papilles, un trait de cet or végétal ajouté au yogourt en fait un vrai dessert,  une cuillère de ce sirop du bonheur avec du beurre et vos carottes appelleront le printemps! C’est un ingrédient tellement polyvalent. C’est aussi un bon compagnon du porc en marinade et en sauce, de même que de plusieurs poissons comme le saumon, attention par contre à toujours vous assurer d’avoir un élément salé qui équilibre le plat comme du miso, de la moutarde, de la sauce soya…

Ma combinaison favorite avec l’érable est certainement avec les bleuets et la crème. Quand les bleuets sont en saison au mois d’août, je n’ai aucune résistance devant un bol de petits bleuets tout frais noyés dans la crème et sucrés à l’érable, c’est plus que bon, c’est divin!

Malheureusement, à ce temps-ci de l’année, on est bien loin de la saison des bleuets… par contre j’en ai toujours dans le congélateur qui m’attendent et c’est avec eux que je compte me venger et faire ma cachette aux bleuets et à l’érable, une petite douceur à mi-chemin entre le pudding chômeur et le gâteau moelleux aux bleuets!

Cachette aux bleuets et à l’érable
  • 1/2 tasse de beurre non salé
  • 3/4 tasse de sucre
  • 2 œufs
  • 1 c. à thé d'extrait de vanille
  • 1 1/2 tasse de farine tout usage
  • 2 1/2 c. à thé de poudre à pâte
  • 1 pincée de sel
  • 1 pincée de muscade
  • 3/4 tasse de lait
  • ½ tasse de beurre salé
  • 2 tasses de sirop d'érable
  • 3/4 tasse d'eau
  • 2 tasses de bleuets sauvages du Québec (frais ou congelé)

Préchauffez le four à 350F.

Combinez le sirop d’érable, l’eau, le beurre salé et 1 3/4 tasse de bleuets dans une casserole et portez à ébullition. Versez le mélange dans un grand plat en verre trempé (Pyrex) ou dans une dizaine de petits ramequins.

Dans un bol, crémez le beurre non salé avec le sucre jusqu’à une consistance bien crémeuse. Incorporez les œufs un à un puis la vanille. Ajoutez la farine, la poudre à pâte, la muscade  et le sel en trois temps en alternant avec le lait. Saupoudrez 1/4 tasse de bleuets sur l’appareil et mélangez délicatement. Déposer la pâte en faisant de petits îlots sur la préparation chaude d’érable et de bleuets. Enfournez pour 20 à 30 minutes ou jusqu’à ce qu’un cure-dent ressorte propre lorsque vous piquez le gâteau.

Laissez refroidir un peu et servez tiède avec de la crème fouettée ou une boule de crème glacée à la vanille. Hummmmmm… Vous allez devoir vous raisonner pour ne pas tout engloutir en moins d’une minute. Ce n’est pas juste du dessert, c’est un bout de ciel!

Allez-y, laissez libre cours à votre imagination et profitez à plein de la saison des sucres, faites-en une fête et mettez de l’érable partout!!!

Bonne semaine gourmande!