lundi 27 avril 2015

La mollesse est dans la carotte…



Crédit photo: binette_et_cornichon.com
La semaine dernière j’avais une envie de gâteau aux carottes avec du glaçage au fromage à la crème, un grand classique chez nous.  La réserve de carottes étant à sec, je passe à l’épicerie et *soupir de découragement* je me retrouve encore une fois devant un étalage complet de carottes biologiques en provenance des États-Unis. Bon, on va regarder dans le traditionnel, si c’est local c’est quand même un pas pour l’environnement, horreur les carottes proviennent du Mexique! Pour moi ce n’est pas normal de ne pas trouver de carottes du Québec ou au moins du Canada à l’épicerie, c’est un produit courant, produit en grande quantité et qui se conserve bien alors pourquoi?

Je demande au proprio de l’épicerie et il me répond que c’est ce qui était disponible quand il a passé sa commande et probablement que c’était moins cher aussi, il ne se rappelle pas. Il ajoute que l’été il a des carottes du Québec. Visiblement, il n’en a rien à faire d’où viennent les carottes, pourvu qu’elles se vendent. Au fond, l’épicier n’est pas vraiment à blâmer, lui il s’ajuste aux demandes de sa clientèle. Celle-ci consomme principalement des « minicarottes » précoupées pour les boîtes à lunch, vous savez  celles qui ont toutes la même forme et sont découpées à l’emporte-pièce. Belle offensive marketing ces petites carottes, elles sont mignonnes et pratiques, prêtes à manger, tous les enfants en ont dans leur boîte à lunch.

Avez-vous déjà pensé que pour qu’elles soient comme ça, il y a beaucoup de gaspillage, on les épluche et on les coupe pour qu’elles aient cette forme, les carottes ne sont pas toutes petites et formées égales. Les fameuses minicarottes ont aussi l’avantage de se conserver longtemps même si elles sont épluchées, pourquoi? Elles sont traitées dans une solution chlorée qui fixe la couleur du produit et allonge la durée de vie. Quand on sait qu’un fruit coupé ou transformé en jus perd jusqu’à 60% de ses valeurs nutritives en seulement une journée, il y a lieu de se demander ce qui reste comme nutriments dans les jolies petites carottes bien oranges même après deux semaines…

La question qui tue : est-ce qu’on achète des belles petites carottes pour se donner bonne conscience? Maman disait toujours mange tes légumes et on sait qu’on doit en consommé alors on va avec l’option facile et rapide? Ou est-ce qu’on ne se pose même pas la question parce que c’est normal de n’acheter que des légumes et fruits qui sont beaux, bien présentés et que c’est devenu notre standard principal au détriment des valeurs nutritives et du goût? Quand on regarde les étalages, c’est clair que l’apparence à de l’importance. J’ai d’ailleurs hâte de voir la réaction des gens aux légumes moches… (en savoir plus)

 Certains diront que le temps manque et qu’on a besoin de solutions pour aller plus vite, ok, mais laver et couper un sac de 2lbs de carottes (assez pour faire une semaine)  ça prend 6 minutes (j’ai chronométré) . En plus, vous pouvez regarder la télé en même temps si vous voulez, pour ne pas manquer un épisode (parce qu’on courre, on courre, mais on a toujours du temps pour regarder la télé…).

On dira aussi que manger local ça coûte plus cher. C’est souvent vrai, mais avec un bémol. Les produits locaux sont souvent grandement supérieurs en qualité, en nutriments (les fruits et légumes perdent leurs nutriments progressivement à partir du moment ou ils sont cueillis alors plus long le transport est, moins il en reste) et puis il y a l’impact économique et social. Faire travailler les gens ici, ça rapporte indirectement à toute la société et ça assure une préservation des savoirs agricoles sans compter que ça limite les traces de carbones parce que ça voyage moins loin.  En passant, j’ai regardé le prix des carottes du Québec, parce que oui, après deux épiceries j’en ai trouvé, un sac de 2lbs se vend 2.29$ ou 2.69$ en bio alors que les minicarottes "iso" sont 3.99$/ 2 lbs peu importe la provenance. Je ne suis pas forte en math, mais je dirais que les chiffres sont de mon bord ;-)

Tant qu’à manger des carottes, croquez-en donc d’ici! :)

Si vous promettez de faire la recette avec des carottes du Québec, je vous partage la recette de gâteau aux carottes de ma grand-mère ;-)

Gâteau aux carottes
½ tasse d’huile de tournesol du Québec
1 tasse de sucre
2 œufs
1 1/3 tasse de farine
1 c. à thé d’épices de votre choix (cannelle, gingembre, cardamome…)
¾ c. à thé de soda à pâte
1 ½ c. à thé de poudre à pâte
1 tasse de carottes du Québec râpées
1 tasse d’ananas en petits morceaux
¼ tasse de raisins secs ou de noix
2 c. à table de jus d’ananas

Préchauffez le four à 350F.
Mélangez bien l’huile, le sucre et les œufs puis ajoutez le reste des ingrédients. Versez dans un moule graissé et enfournez pour 30 minutes.

Bon régal et bonne découverte!
Soyez donc un gourmand intelligent!